“Ce n’est pas un hasard”, chronique de la catastrophe de Fukushima
Dans ce récit personnel du séisme qui a frappé le Japon le 11 mars 2011, Ryoko Sekiguchi analyse un drame qui aurait pu être évité.
Ryoko Sekiguchi © Hélène Bamberger / P.O.L
Entre le 10 mars et le 30 avril 2011, Ryoko Sekiguchi s’est abimée dans l’écriture. 49 jours au cours desquels elle a noté les sons, les sensations, les souvenirs ; observé les habitudes se dissoudre dans un quotidien presque surnaturel. Elle a interrogé les vivants, et les survivants. 49 jours, un chiffre symbolique, qui correspond à la durée du deuil dans la culture japonaise. Son récit commence d’ailleurs opportunément la veille de la catastrophe. Une manière pour l’autrice de faire gagner 24 précieuses heures à la narration avant qu’elle ne bascule, le lendemain.
Écrivaine, poétesse et traductrice, Ryoko Sekiguchi vit en France depuis 1993, alors que ses parents et une grande partie de sa famille vivent au Japon. C’est par la télévision qu’elle apprend ce qu’il s’est passé : un séisme, qui a entraîné un tsunami, puis une catastrophe nucléaire à Fukushima. Impossible alors de contacter ses proches, les lignes téléphoniques étant saturées. Ce n’est pas un hasard raconte ces moments d’attente et de sidération. Il questionne la manière dont on peut vivre un drame si éloigné de son pays natal, et les émotions qui nous traversent. L’écrivaine explique que plutôt que de s’interroger sur ce qu’il était possible d’écrire sur cette triple catastrophe, elle s’est demandé ce que les sinistrés auraient pu avoir envie de lire.
Une chronique entre Paris et Tokyo
Ainsi est né ce récit. Cette chronique, rédigée tout d’abord à Paris puis à Tokyo, où l’autrice se rend trois semaines après le séisme. Elle y consigne des conversations, tente de capturer l’ambiance si particulière qui règne alors dans le pays. Elle y constate des changements, faibles mais tout de même perceptibles, dans les comportements. Ryoko Sekiguchi porte aussi la voix de ceux qui doutent, qui critiquent la pertinence de l’action gouvernementale, et qui refusent de ne voir en cette catastrophe qu’une catastrophe naturelle de plus dans un archipel soumis régulièrement aux foudres de la nature.
Ce n’est pas un hasard est un hommage aux disparus anonymes. Récit intime et politique, il apporte un nouvel éclairage sur la catastrophe du 11 mars 2011.
Ce n’est pas un hasard (2013), par Ryoko Sekiguchi, publié aux éditions P.O.L.
© P.O.L
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