“Le monde sans les mots”, mise en abyme du langage
Dans ce recueil de poèmes Ryuichi Tamura, figure majeure de la poésie japonaise contemporaine, questionne la langue et sa violence.
© La Barque
« Ma poésie est une chose simple », clame Ryuichi Tamura dans un de ses poèmes. Une chose simple qui réussit, dans le recueil Le monde sans les mots, un sacré tour de force : dessiner les contours d’un monde sans mots, en utilisant pourtant ces derniers.
Ryuichi Tamura est une des figures les plus importantes de la poésie japonaise contemporaine. Né en 1923, il est diplômé du département de littérature de l’université Meiji de Tokyo, où il rencontre quelques étudiants, poètes, s’intéressant de près au modernisme.
Celui qui est enrôlé dans la marine impériale en 1943 retrouve ses premières amours littéraires quatre ans plus tard, alors qu’il relance Arechi, une revue littéraire. Il se frotte alors à la poésie, en parallèle d’un travail de traducteur de romans en langue anglaise, notamment ceux d’Agatha Christie, et devient, en l’espace de quelques années, une des figures de proue de la poésie contemporaine dans l’archipel.
Un recueil de ses premiers ouvrages
Ryuichi Tamura tisse ses vers autour de thèmes prégnants dans toute son œuvre : la violence, la survie et la langue. Le poète questionne la sémiologie, l’utilisation du langage pour créer du sens. Mais il compense aussi la dureté de ses sujets de prédilection par la description d’un cortège de créatures, où les animaux et végétaux tentent de rétablir les contours d’un monde où le langage ne sacrifierait rien.
Quatre mille jours et nuit (1956), Le monde sans les mots (1962) et Pensée verte (1967) sont ses premiers ouvrages et ce sont justement ceux que les éditions La Barque ont compilé dans le recueil Le monde sans les mots, y ajoutant deux autres longs poèmes : “Matière putrescible” et “Éloge de la peur”. Une première en langue française.
Le monde sans les mots (2020), un recueil de poèmes de Ryuichi Tamura publié aux éditions La Barque.
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