“Je ne verrai pas Okinawa”, les affres de l’immigration nippone
Aurélia Aurita raconte en bande dessinée, et sous les traits de Chenda, les difficultés qu’elle a rencontrées avec les douanes japonaises.
© Impressions Nouvelles
« On dit qu’on reconnaît la grandeur d’un pays à sa manière de traiter les plus fragiles, les pauvres, les handicapés, les immigrés… Jusqu’ici j’ai toujours eu la chance d’être “du bon côté” (…) Je n’ai donc pas de leçon à donner, je n’ai jamais vécu ce qui se passe en France quand on n’est pas français. » Au gré des bulles de son ouvrage, Je ne verrai pas Okinawa, Aurélia Aurita questionne le racisme qui sourd dans les bureaux des douanes japonaises, lorsque celles-ci estiment que votre présence sur le sol nippon se fait trop régulière.
L’héroïne de cette bande dessinée s’appelle Chenda, mais l’on comprend vite qu’elle n’est qu’un avatar d’Aurélia Aurita, qui se rend régulièrement au Japon depuis 2004. Trop régulièrement pour la douane japonaise puisqu’à son arrivée sur le sol japonais en 2008, elle se fait convoquer par les douaniers de l’aéroport de Haneda. Le motif : deux visas de tourisme de trois mois en un an, le maximum possible, alerte l’administration japonaise, avec, en filigrane, comme l’explique l’autrice, la peur que celle-ci ne vise une installation régulière dans l’archipel.
Un ouvrage écrit en trois jours
Je ne verrai pas Okinawa décortique en dessin les procédures d’arrivée et les questionnements de l’autrice. Tout en mettant en lumière la politique d’immigration choisie japonaise : dans l’archipel, en 2020, seuls 3,2 % de la population est étrangère. « J’ai tout de suite eu le besoin de sortir ça sur le papier pour m’en débarrasser », confie Aurélie Aurita lors d’une interview à Courrier International. « Je suis née en France mais j’ai quand même pas mal souffert du racisme, quand j’étais petite surtout. Le fait d’avoir été cuisinée comme ça pendant des heures juste parce que j’étais étrangère a remué des choses intimes en moi », poursuit celle qui a écrit le scénario de son ouvrage en seulement trois jours.
Aurélia Aurita, parallèlement à des études de pharmacie, se lance dans une carrière de dessinatrice de bandes dessinées et signe notamment des dessins pour Fluide Glacial. Je ne verrai pas Okinawa est son troisième ouvrage, paru après deux tomes du très remarqué Fraise et chocolat.
Je ne verrai pas Okinawa (2008), une bande dessinée par Aurélia Aurita, publiée par les Impressions Nouvelles.
© Impressions Nouvelles
© Impressions Nouvelles
© Impressions Nouvelles
© Impressions Nouvelles
© Impressions Nouvelles
LES PLUS POPULAIRES
-
La subtilité de l'art japonais du papier exposée à Londres
En 2018, quinze créateurs contemporains ont eu carte blanche à la Japan House pour exprimer leur art au moyen de papier “washi” traditionnel.
-
Les nuits électriques de Tokyo sublimées par Liam Wong
Dans la série “TO:KY:OO”, le photographe capture la capitale à la nuit tombée, lorsque les néons créent une ambiance cinématographique.
-
Recette vegan de pot-au-feu japonais par Lina et Setsuko Kurata
Le “oden” est un plat typique de l’hiver, que l’on peut préparer chez soi mais que l’on trouve aussi en vente en supermarché dans l'archipel.
-
La quintessence de la beauté du Japon retranscrite par Erin Nicholls
L'artiste australienne saisit avec acuité les scènes et détails les plus insignifiants du quotidien qui semblent soudain prendre vie.
-
Adrien Jean, immersion dans une culture solitaire
Dans cette série, le photographe questionne le sentiment de solitude, des Japonais mais aussi des voyageurs qui visitent l’archipel.