“Konbini” de Sayaka Murata, une ode à la différence
L'auteure explore dans ce roman le quotidien de ceux qui refusent de se soumettre aux diktats de la société nippone.
Editions Denoël
À 36 ans, Keiko Furukura est vendeuse à plein-temps dans un konbini, ces supérettes japonaises ouvertes 24 heures sur 24. Ce poste, l’héroïne de Konbini de Sayaka Murata, l’occupe depuis ses 18 ans, alors qu’un SmileMart s’est ouvert à deux pas de chez elle, près de la gare de Hiirocho. « En cet instant, pour la première fois, il me sembla avoir trouvé ma place dans la mécanique du monde. Enfin je suis née, songeai-je. C’était, à n’en pas douter, le premier jour de ma vie en tant que membre normal de la société », confie la protagoniste au début du roman. Elle se remémore alors avec émotion son premier « Bienvenue chez SmileMart ! » lancé à un client qui passait la porte du konbini.
Car Keiko Furukura fait partie de ceux qui ont du mal à se conformer aux injonctions de la société japonaise. À bientôt 40 ans, la jeune femme n’est ni diplômée, ni mariée, et n’a par ailleurs jamais eu de petit ami. Et, lorsque la majorité de ses collègues, étudiants, envisagent cet emploi comme temporaire, elle ne souhaite de son côté qu’une seule chose : pouvoir y rester le plus longtemps possible.
Interroger les rouages de la société japonaise
Dans cette courte fiction, l’écrivaine Sayaka Murata entend questionner le poids des normes sociales sur ceux qui ont choisi de sortir du rang. Les collègues qui ne vous adressent que très peu la parole, les amis qui vous délaissent au fur et à mesure que leurs enfants naissent, les questions incessantes de la famille sur l’éventualité de trouver un conjoint… Dans Konbini, lorsqu’un jeune homme, trentenaire et tout aussi marginal que Keiko, est embauché à la supérette, l’horizon de l’héroïne semble enfin s’éclaircir.
Sayaka Murata, qui travaille elle aussi en tant qu’employée d’un konbini en parallèle de son métier d’écrivaine, a reçu pour cet ouvrage le prix Akutagawa, l’équivalent japonais du Goncourt.
Konbini (2018), un livre de Sayaka Murata, publié aux éditions Denoël.
LES PLUS POPULAIRES
-
La subtilité de l'art japonais du papier exposée à Londres
En 2018, quinze créateurs contemporains ont eu carte blanche à la Japan House pour exprimer leur art au moyen de papier “washi” traditionnel.
-
Les nuits électriques de Tokyo sublimées par Liam Wong
Dans la série “TO:KY:OO”, le photographe capture la capitale à la nuit tombée, lorsque les néons créent une ambiance cinématographique.
-
Recette vegan de pot-au-feu japonais par Lina et Setsuko Kurata
Le “oden” est un plat typique de l’hiver, que l’on peut préparer chez soi mais que l’on trouve aussi en vente en supermarché dans l'archipel.
-
Adrien Jean, immersion dans une culture solitaire
Dans cette série, le photographe questionne le sentiment de solitude, des Japonais mais aussi des voyageurs qui visitent l’archipel.
-
Quand le piège de l’adolescence se referme sur les jeunes filles
Les toiles de l’artiste Kazuhiro Hori dépeignent un univers sucré, onirique mais perverti par les représentations de la société japonaise.