Atelier Bow Wow, le génie des maisons miniatures
©Atelier Bow-Wow
Inventer de l’espace là où il n’y en a pas. Voilà l’art dans lequel est passée maître l’agence d’architecture japonaise Atelier Bow-Wow. Depuis 1992, ce cabinet, dirigé par Yoshiharu Tsukamoto et Momoyo Kaijima, fait éclore sur le sol japonais des maisons miniature défiant toutes les contraintes spatiales. Car dans ce pays où le prix du foncier et les taxes obligent les propriétaires à segmenter leurs parcelles, et où la distance légale à respecter entre deux habitations n’est que de 50 cm, le moindre bout de terrain se doit d’être rentabilisé.
C’est ici qu’Atelier Bow-Wow intervient, avec ses mini-maisons, baptisées à compter de 2001 Pet Architecture, et qui font depuis leur renommée dans le monde de l’architecture contemporaine. Car c’est au coeur des denses et tentaculaires mégalopoles japonaises que Bow Wow officie. Au milieu de ces villes saturées, faîtes d’enchevêtrement et de superpositions, le duo d’architectes cherche la moindre brèche et réussi l’exploit d’ériger des maisons individuelles sur des parcelles miniatures. Des maisons aux caractéristiques communes : une toute petite taille et une indispensable verticalité. Un manque d’espace extérieur qui pourtant se fait totalement oublier, une fois que l’on pénètre à l’intérieur de ces habitations.
Yoshiharu Tsukamoto et Momoyo Kaijima misent énormément sur des espaces fluides et hybrides et une luminosité convoquée dans le moindre recoin de ces habitations interstitielles, grâce à de larges baies vitrées. Une architecture de l’extrême en guise de manifeste pour l’agence qui tutoie les normes de l’habitat collectif des années 1970, loin des habitats standardisés mais extrêmement ajustés à la circulation et à l’usage de leurs habitants.
Repenser les usages des lieux de vie
©Atelier Bow-Wow
Dans les maisons signées Bow-Wow, les couloirs deviennent des lieux de vie, tout comme les escaliers, qui se transforment en “escaliers-séjours” où l’on peut s’installer confortablement dans un fauteuil avant de continuer sa progression à l’étage supérieur. Ces espaces, où les habitants transitent habituellement, deviennent des points d’ancrage. Les pièces de ces mini-maisons sont également bien souvent partagées : la chambre cotoie la salle de bain quand le séjour et la cuisine ne font qu’un.
Yoshiharu Tsukamoto et Momoyo Kaijima répondent à toutes les demandes, comme celle de ce couple avec trois enfants, féru de littérature, qui souhaitait vivre au milieu de ses livres. L’espace exigu a donc été séparé en deux parties distinctes : une pour les livres et une autre pour le lieu de vie. Le tout, sur trois niveaux, la verticalité déjouant les handicaps d’un métrage carré au sol infiniment petit. Autre exemple, la Sway House, une maison blanche inclinée, aux angles multiples pour que l’édifice puisse au maximum capter la lumière extérieure via de multiples fenêtres.
Des mini-maisons qui, en plus de sortir des standards architecturaux classiques, questionnent également notre rapport à la ville, à l’espace et aux relations qui se tissent à l’intérieur de nos habitations.
©Atelier Bow-Wow
©Atelier Bow-Wow
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