Kensuke Koike, alchimiste de la photo détournée

30.05.2019

TexteSolenn Cordroc'h

©Kensuke Koike

Découper, déchirer, désassembler avant de rassembler les morceaux de photographies : le processus artistique de Kensuke Koike débute toujours par une phase de déconstruction et s’achève par un collage final surréaliste. 

Né à Nagoya et diplômé en Art de l’Académie des Beaux-Arts de Venise en 2004, Kensuke Koike se destinait plutôt à la prise de vue. Mais, après avoir déniché en 2012 de vieilles photographies chez un antiquaire de Milan, sa destinée fut tout autre. Attiré par les photographies vintage, toujours à l’affût de nouvelles pépites en noir et blanc, l’artiste contemporain exerce son regard malicieux et utilise son imagination débordante pour façonner, à partir d’une première photographie, une nouvelle image indépendante, à peine liée à la première. Ainsi, un homme prend la pose mais ses jambes et ses bras sont inversés, une femme perd ses yeux ou se retrouve subitement cigarette en main.

Le plus intéressant, au-delà du résultat, est peut-être le processus – que l’on peut découvrir en vidéo sur son site. On y observe notamment comment il déchire une carte postale pour découvrir une dame portant une cigarette entre deux doigts. Lentement, l’artiste procède à la déchirure, tourne le papier, le plie et poursuit son œuvre jusqu’à atteindre la cigarette. Il assemble finalement les deux parties de la feuille, et la déchirure se transforme subitement en un filet de fumée s’échappant de la cigarette, créant ainsi une image nouvelle.

Cet art insolite intrigue. Bien au-delà d’un simple aspect technique, c’est peut-être avant tout la poésie des œuvres de Kensuke qui marque le plus. L’artiste prend le temps de s’intéresser à des photos oubliées, et invente, armé seulement de ses doigts, une seconde vie aux anonymes de ces images.

©Kensuke Koike

©Kensuke Koike

©Kensuke Koike