Daido Moriyama, du feu à la gloire
Une nouvelle version de “Farewell Photography”, oeuvre fondatrice du photographe réalisée en 1972, est aujourd'hui disponible.
“Farewell Photography” © Daido Moriyama - bookshop M / Getsuyosha
Des photographies en noir et blanc, souvent confuses, abimées, construites au fil des variations de l’intensité du grain, où le film est visible. Ce travail publié en 1972, intitulé Farewell Photography, est considéré comme un moment clé de l’œuvre de Daido Moriyama. En 2019, une nouvelle version a été publiée par les éditeurs Getsuyosha / bookshop M.
Le photographe, ancien assistant de Eikoh Hosoe avant de rejoindre le mouvement Provoke — amenant à la publication d’une revue avec son ami le photographe et critique Takumi Nakahira — est âgé de 34 ans lors de la publication de la première édition, et souhaite alors « dire adieu à une photographie trop satisfaite d’elle-même pour mettre en question sa propre signification ». Une démarche qui a mis longtemps avant d’être comprise, ce qui amène Daido Moriyama, dans un geste radical, à brûler les négatifs de Farewell Photography, excepté une trentaine. Une cinquantaine d’autres ont ensuite été retrouvés chez son éditeur. La première édition a depuis été intégrée à l’ouvrage The Book of 101 Books: Seminal Photographic Books of the Twentieth Century (2001) d’Andrew Roth.
Une oeuvre sombre en rupture avec les codes de l’époque
Comme Daido Moriyama le confie au journaliste du Telegraph Mark Hudson, au moment de sa sortie « tout le monde trouvait le livre incompréhensible, et c’était mon souhait ». Ici, le visage sombre du Tokyo des années 1960 et 1970, et son contexte sociopolitique, sont présentés à travers des images floues, granuleuses, déséquilibrées — loin des standards de la photographie américaine célébrée internationalement à cette période. Ce projet a été un tournant dans la carrière de l’artiste, qui est par la suite revenu à une pratique plus conventionnelle, avec des clichés « des choses qui sont dans l’ADN du Japon : les fleurs de cerisier et les plus belles vues du pays, celles que vous voyez sur les cartes postales — mais tout en rendant ces images vraiment sombres. »
Après une première réédition en 2007, sur laquelle le public s’est précipité, la nouvelle version comprend une conversation entre Daido Moriyama et Takumi Nakahira, pour la première fois traduite en anglais, plongeant le lecteur dans un moment clé de l’histoire de la photographie et de la scène culturelle japonaise. Comme le souligne l’éditeur, cette nouvelle impression est « davantage qu’un nouveau tirage d’un classique de la photographie japonaise, mais une réinterprétation. »
Farewell to Photography (réédition de 2019) est un livre de Daido Moriyama publié par Getsuyosha / bookshop M.
“Farewell Photography” © Daido Moriyama - bookshop M / Getsuyosha
“Farewell Photography” © Daido Moriyama - bookshop M / Getsuyosha
“Farewell Photography” © Daido Moriyama - bookshop M / Getsuyosha
“Farewell Photography” © Daido Moriyama - bookshop M / Getsuyosha
“Farewell Photography” © Daido Moriyama - bookshop M / Getsuyosha
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