Coréenne, Chinoise, Taïwanaise ou… Japonaise ?
La série de photographies “Facial Signature” de Tomoko Sawada questionne les identités et les stéréotypes enracinés dans la société.
© Tomoko Sawada
L’ADN des humains est identique à 99,9 %. Pourtant, l’identité, les caractéristiques associées au physique d’un individu ouvrent la voie à nombre de clichés et stéréotypes, persistants. La photographe japonaise Tomoko Sawada part de ce constat pour travailler ses séries de portraits, et interroger la question de l’identité.
Pour la série Facial Signature (2015), l’artiste s’est transformée 300 fois et a pris l’apparence de femmes japonaises, chinoises, coréennes, taïwanaises ou issues d’autres pays asiatiques.
Une identité, attribuée
En se mettant en scène de différentes manières et dans divers contextes, à la façon de Cindy Sherman, Tomoko Sawada modifie son identité avec du maquillage et des costumes. Ce travail a débuté en 1998, lorsque l’artiste, originaire de Kobe, crée la série ID400, pour laquelle elle investit le photomaton d’une gare à Tokyo. Elle y joue 400 personnages, et donc autant d’identités différentes. L’idée est ici d’aller à rebours de l’objet de ces photographies, qui produisent des images standardisées, la plupart du temps pour des documents officiels. En 2001, dans la série Omiai, elle reproduit des portraits traditionnels réalisés avant la première rencontre de couples dont les mariages sont arrangés. Ces portraits sont échangés par les familles dans l’espoir de trouver un mari ou une femme à leurs enfants.
Dans la continuité de ce travail, la série Facial Signature, dévoilée en 2015, interroge la question de l’attribution d’une identité asiatique basée sur des caractéristiques physiques. Comme l’artiste l’explique dans le cadre de l’exposition de la série en 2015 à la Rose Gallery, « la genèse du projet Facial Signature est née de mon expérience new-yorkaise. À cette époque, il y avait de nombreux problèmes politiques en Asie, mais je n’y ai pas prêté attention et je me suis liée d’amitié avec diverses personnes. À un moment donné, j’ai eu une révélation, réalisant que les autres ne me voyaient pas nécessairement comme japonaise. On m’a dit à plusieurs reprises que j’avais l’air coréenne, chinoise, taïwanaise, singapourienne, mongole, etc (et rarement japonaise). »
Même dans les villes les plus multiculturelles du pays, les stéréotypes et les clichés sur les groupes ethniques laissent peu de place à l’individualité. Une personne peut être automatiquement jugée en fonction de son identité ethnique perçue, même si cette hypothèse est incorrecte. Qu’est-ce qui fait que quelqu’un semble plus japonais ou plus chinois ? Quels facteurs poussent les étrangers à choisir ces attributs ? Telles sont les questions que Tomoko Sawada aborde dans son exposition Facial Signature.
L’artiste, dont les œuvres font partie de collections publiques majeures (celles du National Museum of Modern Art de Kyoto et de la Maison Européenne de la Photographie à Paris notamment), transcende la nationalité, et affronte une problématique qui touche particulièrement les communautés asiatiques.
Facial Signature (2015), un livre de photographies par Tomoko Sawada édité par Seigensha.
© Tomoko Sawada
© Tomoko Sawada
© Tomoko Sawada
© Tomoko Sawada
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