Regarder le cosmos et penser l’apocalypse terrestre
“The Last Cosmology” c’est une idée, un regard tourné vers le ciel et une théorie soutenue par le photographe Kikuji Kawada.
© Kikuji Kawada
« Je suis né au début de l’ère Showa. Mon enfance a été marquée par une grande guerre. J’ai ensuite vécu la période de reconstruction et de croissance, je m’approche maintenant doucement de la fin de la vie. » Ces mots prononcés par le photographe Kikuji Kawa, né en 1933, accompagnent la compilation de ses œuvres réalisées entre 1980 et 2000, réunies en 2015 par l’éditeur londonien MACK.
Originaire de la préfecture d’Ibaraki, Kikuji Kawada cofonde en 1959 le célèbre collectif VIVO aux côtés de Eikoh Hosoe, Ikko Narahara, Akira Sato, Akira Tanno et Shomei Tomatsu. En 1974 son œuvre est présentée au MoMA de New York lors de l’exposition New Japanese Photography. Nouvelle marque de l’importance de son travail, il est récompensé en 2011 par la Photographic Society of Japan.
Interroger le ciel
Frappé par la maladie dans son enfance, l’artiste navigue dans un état où rêves et réalité se confondent. Cette période l’amène à se passionner pour l’observation du ciel de Tokyo, aidé par une lunette astronomique. L’œuvre de Kikuji Kawada s’appuie sur une ancienne croyance, supposant que les événements de l’humanité sont liés aux phénomènes astronomiques, notamment dans le contexte de la fin de l’ère Showa avec la mort de l’Empereur au Japon. Dans « son » univers post-apocalyptique, le chaos touche aussi bien le cosmos, à travers des éclipses lunaires, des tempêtes solaires, que la Terre, à travers des phénomènes météorologiques extrêmes. Il les croise.
Comme détaillé dans le texte de présentation de ce travail à la galerie Michael Hoppen, l’artiste est fasciné par « le firmament. » Inspiré par les paysages célestes apocalyptiques du peintre Emil Nolde, il exprime en ces mots sa démarche : « J’imagine notre époque et ma propre personne comme des éléments implicitement liés à une catastrophe, je veux observer les profondeurs d’un cœur multicolore, qui est comme une allée de tourbillons de Karman ».
L’artiste, qui a toute sa vie tenté, en vain, de photographier la comète de Halley, interroge le ciel afin de répondre au sentiment d’effondrement de la terre, cherche des réponses, une vérité. Le travail de Kikuji Kawada interroge la manière dont le cosmos peut nous aider à déchiffrer les phénomènes terrestres, et invite à réfléchir plus largement à la condition humaine, à notre place.
Dans un registre différent, le premier livre de l’artiste, Chizu (1965) — réédité en 2014 par Akio Nagasawa —, publié vingt ans après le bombardement d’Hiroshima, documente les séquelles de la bombe atomique et de la guerre au Japon, notamment la dimension invisible, imperceptible, de cette violence.
The Last Cosmology (2015), un recueil de photographies par Kikuji Kawada publié par MACK.
© Kikuji Kawada
© Kikuji Kawada
© Kikuji Kawada
© Kikuji Kawada
© MACK
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