Tokyo immortalisée depuis les escaliers de secours

Dans “Tokyo Twilight Zone”, le photographe Shintaro Sato montre la capitale sous un angle plus familier aux habitants qu'aux visiteurs.

28.07.2021

TexteClémence Leleu

© Sato Shintaro

Entre 2002 et 2008, Shintaro Sato a déambulé dans les rues tokyoïtes à la recherche du meilleur endroit pour capturer l’essence de la ville. Mais cette quête avait toutefois un cahier des charges précis. Pour que les clichés puissent figurer dans sa série Tokyo Twilight Zone, le photographe devait trouver un escalier de secours qui offre au regard un paysage presque pittoresque, qui soit suffisamment haut pour donner une impression de panorama et illuminé, à la nuit tombée, de quelques touches de lumière artificielle.

Shintaro Sato est un photographe japonais né en 1969 à Tokyo. Diplômé en 1992 du Tokyo College of Photography et en Arts et sciences à l’université de Waseda quelques années plus tard, il commence sa carrière en tant que photographe pour Kyodo News en 1995. Il quitte en 2001 l’agence de presse japonaise pour se lancer en tant que freelance. 

 

Photographe des espaces intermédiaires

« La vue depuis un escalier de secours est différente de celle qu’offrent les ponts d’observation construits sur les sites touristiques ou de la perspective verticale des images satellites qui sont facilement accessibles à quiconque possède un ordinateur », détaille le photographe. Les escaliers de secours, qui donnent généralement sur des petites rues adjacentes permettent également de mettre à jour une autre face de la capitale japonaise. 

Shintaro Sato, qui prend ses clichés à l’aide d’un appareil grand format, toujours en plein hiver « lorsque l’air est limpide », se charge lui-même des tirages. Des photographies qu’il prend généralement lorsque la nuit est sur le point de tomber, et où se mêlent encore la lumière naturelle du jour en déclin et les lumières artificielles de la ville ou des habitations. « Pour moi, ce moment où le nouveau s’insinue et l’ancien s’efface dans une danse lente et simultanée est celui où la ville, toujours ambiguë, est la plus belle. Le moment de transition où le crépuscule se transforme en nuit, et les points de vue qui révèlent les zones commerciales mêlées aux zones résidentielles où les gens vaquent à leurs occupations. Ce temps et cet espace intermédiaires que j’appelle la “Twilight Zone” s’étendent tranquillement devant moi », analyse Sato Shintaro. 

On y découvre alors les contours divers de Tokyo : de hauts gratte-ciels aux multiples fenêtres desquelles perce la lumière des appartements, des tunnels éclairés au sein de galeries marchandes, des maisons aux toits de taule, des zones résidentielles ou encore des cimetières. Le tout parfois embelli par un feu d’artifice tiré au loin ou par une lune ronde. 

 

Tokyo Twilight Zone (2002-2008), un livre de photographies par Shintaro Sato édité par Seigensha.

© Sato Shintaro

© Sato Shintaro

© Sato Shintaro

© Sato Shintaro

© Sato Shintaro

© Sato Shintaro

© Sato Shintaro

© Sato Shintaro