Osamu Shiihara, avant-gardisme et onirisme
Dans les années 1930, le photographe réalisait une œuvre moderne avec différents modes d'expression comme la solarisation ou le photogramme.
© Osamu Shiihara
Osamu Shiihara n’est pas souvent cité lorsqu’il s’agit d’évoquer l’avant-garde de la photographie japonaise, notamment révélée sur le scène internationale par l’exposition organisée en 1972 au MoMA de New York. L’artiste occupe pourtant une place majeure dans son histoire.
Publié en 2016, un ouvrage écrit par l’historien de la photographie japonaise et essayiste Ryuichi Kaneko permet de prendre la mesure de la position avant-gardiste de l’artiste né à Osaka en 1905. Ce récit est éclairé par une préface du fils du photographe, Tamotsu (lui-même artiste).
Expérimental
Diplômé de la Tokyo School of Fine Arts, où il se forme à la peinture occidentale sous la direction de Takeji Fujishima, Osamu Shiihara se tourne rapidement vers la photographie, et devient l’un des principaux membres du « Tampei Club », aux côtés de Terushichi Hirai, Koro Honjo ou Toru Kono.
La connaissance des codes de la peinture occidentale et son désir d’explorer de nouveaux territoires à travers la photographie ont amené l’artiste à donner naissance à un genre nouveau, porté par une ligne : « La photographie ne doit pas continuer à suivre éternellement le même chemin que la peinture. Elle s’est développée sous l’influence de la peinture, cependant, il est maintenant temps qu’elle existe par elle-même, qu’elle emprunte son propre chemin. »
L’artiste, qui fut l’un des premiers modernistes du Japon, s’est intéressé à de nouveaux modes d’expression, en utilisant des méthodes expérimentales telles que la solarisation — une exposition à la lumière de quelques secondes au dessus de la cuve du révélateur —, ou le photogramme — sans employer d’objectif. Des techniques promues au sein du « Tampei Club ».
Fondre le réel et l’imaginaire
Cette volonté amène Osamu Shiihara à réaliser des arrangements surréalistes. Les corps, les regards, les scènes et objets sont dupliqués, juxtaposés, floutés, les perspectives réinventées. Le public est libre de déceler un éventuel sens quant aux choix de l’artiste.
Le réel, l’imaginaire, les formes se fondent dans un ensemble, parfois onirique, souvent mystérieux. Si les sujets abordés par l’artiste sont divers — il a notamment réalisé des natures mortes —, il est principalement reconnu pour ses nus féminins. Osamu Shiihara met en mouvement l’immobile, duplique l’unique, offre un point de vue sur un corps, par un jeu d’ombres, en proposant une nouvelle forme de sensibilité face au corps féminin.
Au-delà de ce travail surréaliste, Osamu Shiihara a notamment réalisé en 1941 une série documentaire intitulée Wandering Jew, en collaboration avec d’autres membres du « Tampei Club ». Ces photographies ont été produites pendant un séjour à Kobe et s’intéressent au sort de réfugiés juifs pendant la guerre du Pacifique.
Après la guerre, Osamu Shiihara s’installe à Ikeda, dans la préfecture d’Osaka. Il travaille pour une entreprise de teinture, avant de s’associer en 1953 à une groupe de photographes au sein de la « Spiegel Photographers Association ». Il disparaît en 1974.
Osamu Shiihara (2016), un ouvrage de Ryuichi Kaneko édité par Roland Angst et publié par only photography.
© Osamu Shiihara
© Osamu Shiihara
© Osamu Shiihara
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