Plastic Food, une série photographique de Irwin Wong sur les plats factices en plastique

08.05.2020

TexteSolenn Cordroc'h

©Irwin Wong

Un séjour au Japon débute probablement par un repas dans un restaurant et s’achève sûrement de la même façon, autour d’un bol fumant de ramen par exemple. L’une des découvertes les plus frappantes pour un visiteur étranger est sans nul doute la gastronomie japonaise. Chaque sortie en extérieur est une invitation irréfutable à nourrir son corps mais également ses yeux, happés par des sampuru bluffants de réalisme. Dérivé du mot anglais sample signifiant échantillon, les sampuru désignent les plats en résine exposés en vitrine des restaurants. Fasciné par le réalisme de ces assiettes factices et leur savoir-faire remarquable, le photographe Irwin Wong a pénétré dans l’atelier Maizuru au Nord-Est de Tokyo et nous dévoile les secrets de fabrication de sa série Plastic Food.

Quel a été votre déclic pour réaliser la série Plastic Food ?

L’art du sampuru est l’un des multiples aspects qui impressionnent les visiteurs au Japon. J’ai moi-même toujours été intéressé par le processus de fabrication des sampuru que j’admire au quotidien dans les vitrines des restaurants. Le magazine australien The Smith Journal m’a chargé de capturer l’ambiance de l’atelier de fabrication Maizuru, pour mon plus grand plaisir de photographe.

©Irwin Wong

Justement, pourriez-vous raconter l’atmosphère de cet atelier ?

C’était très calme, il faut dire que les travailleurs sont extrêmement concentrés mais qu’ils ont quand même trouvé le temps de m’expliquer, avec fierté, toutes les étapes d’élaboration d’un sampuru.

Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné pendant la réalisation de ce reportage photographique ?

Tout est fabriqué à la main dans l’atelier Maizuru, même le moindre grain de riz est façonné à partir d’un moule unique basé sur un grain de riz réel. J’ai observé, captivé, cet artisan dont le travail consiste à trier inlassablement les grains de riz corrects des mauvais grains, les uns après les autres. J’ai vraiment été ahuri par la quantité de détails à respecter pour chaque création culinaire. C’est un vrai travail d’orfèvre !

Pourriez-vous décrire une image précise de votre série Plastic Food ?

Cette photographie m’inspire énormément pour son nombre incalculable de boîtes d’échantillons de presque tous les types de nourriture que l’on peut imaginer. Chaque article dans chacune des boîtes est unique et constitue une archive, utilisée comme référence pour façonner d’autres sampuru. Je trouve également que ce référentiel expose, en filigrane, la longévité et le succès de l’atelier.

©Irwin Wong

Quel regard portez-vous sur l’artisanat japonais?

L’artisanat japonais est un trésor irremplaçable de l’humanité dont les artisans sont les directs représentants, de par leur humilité et leur désir de partager leur savoir-faire unique. Ma dernière série en date met justement en lumière les artisans de plus d’une soixantaine d’ateliers que j’ai pris le temps de visiter aux quatre coins du Japon. Toutes les photographies sont compilées dans le livre Handmade in Japan à paraître au cours de l’année 2020.

Quels autres sujets éveillent votre curiosité de photographe ?

Le Japon regorge de sujets tellement intéressants qu’il est bien difficile de porter son regard sur un unique thème. J’aimerais beaucoup photographier des pratiquants de danse traditionnelle mais, pour l’heure, mes travaux portent sur les travailleurs de l’industrie du sexe au Japon. Je n’omets évidemment pas mon grand amour pour l’artisanat et j’espère pouvoir poursuivre sa documentation dans le futur proche.

©Irwin Wong

©Irwin Wong

©Irwin Wong

©Irwin Wong

©Irwin Wong