“Mind Game”, un aller-retour au paradis
Le film d'animation multimédia de Masaaki Yuasa surprend à chaque scène et éblouit par son univers coloré et son récit aux confins du magique.
© 2004 MIND GAME Project
Dans Mind Game (2004) de Masaaki Yuasa, le dessinateur de manga Nishi se retrouve face à Dieu après avoir été abattu par des gangsters dans un restaurant de yakitori et ce, devant son amour de lycée. Il manque ainsi l’occasion de vivre son rêve. Mais Dieu s’avère être un personnage plutôt comique, dont l’apparence en constante évolution éblouit Nishi. Il lui permet de retourner auprès de ses amis, l’entrainant dans un voyage encore plus chaotique, fait de situations fantastiques et absurdes, qui évoluent sans cesse, à la manière de Dieu.
Chaque image du film culte de Masaaki Yuasa se caractérise par son imprévisibilité. Il consiste en un montage multimédia dont le thème et le style évoluent, et dont chaque seconde revêt son importance. Bien que drôle, son histoire poétique témoigne de la magie propre aux vies sans entraves, celles de personnages combattant leur destin jusqu’à ce qu’ils soient envoyés au ciel.
L’artiste magicien
Masaaki Yuasa est reconnu pour son approche non conventionnelle qui associe différentes techniques d’animation. Sa renommée internationale s’est progressivement développée, atteignant des sommets avec les récentes sorties Netflix Devilman Crybaby (2018) et Japan Sinks: 2020 (2020). Sa carrière a commencé par sa participation à de grands classiques tels que Chibi Maruko-chan (1990-92) et Crayon Shin-chan (1992-présent). Mais après Mind Game, c’est avec son propre studio Science SARU que Masaaki Yuasa a remporté de nombreux prix. Il a par ailleurs été impliqué dans la production de la série américaine Adventure Time (2014).
Si Mind Game est flamboyant, Masaaki Yuasa est pourtant célébré pour son retour aux ingrédients de base de l’animation et pour sa capacité à faire plus avec moins. Un large éventail d’influences — de Hayao Miyazaki à Tex Avery des Looney Tunes et en passant par des surréalistes comme Salvador Dali — a rendu son studio singulier, la frénésie propre à sa vision n’adhérant à aucun style particulier. Comme dans Mind Game, où chaque ligne dessinée à la main est si expressive que ces mondes acquièrent leur propre personnalité. L’utilisation surprenante des effets numériques, loin de simples gimmicks, ajoute une puissante tridimensionnalité à l’échelle de ces univers et à leur sens du mouvement.
Entre humour et émotion, le chef-d’œuvre de Masaaki Yuasa nous invite à réfléchir aux nombreuses manières d’aborder une unique aventure. Avec sa polychromie semblable à celle d’un caméléon, il semblerait presque railler la monotonie paresseuse de la plupart des anime commerciaux, montrant avec brio qu’il n’y a pas de voie unique en termes d’image animée.
Mind Game (2004), un film d’animation réalisé par Masaaki Yuasa et édité en DVD par Potemkine.
© 2004 MIND GAME Project
© 2004 MIND GAME Project
© 2004 MIND GAME Project
© 2004 MIND GAME Project
© 2004 MIND GAME Project
© 2004 MIND GAME Project
LES PLUS POPULAIRES
-
La subtilité de l'art japonais du papier exposée à Londres
En 2018, quinze créateurs contemporains ont eu carte blanche à la Japan House pour exprimer leur art au moyen de papier “washi” traditionnel.
-
Les nuits électriques de Tokyo sublimées par Liam Wong
Dans la série “TO:KY:OO”, le photographe capture la capitale à la nuit tombée, lorsque les néons créent une ambiance cinématographique.
-
Recette vegan de pot-au-feu japonais par Lina et Setsuko Kurata
Le “oden” est un plat typique de l’hiver, que l’on peut préparer chez soi mais que l’on trouve aussi en vente en supermarché dans l'archipel.
-
La quintessence de la beauté du Japon retranscrite par Erin Nicholls
L'artiste australienne saisit avec acuité les scènes et détails les plus insignifiants du quotidien qui semblent soudain prendre vie.
-
Adrien Jean, immersion dans une culture solitaire
Dans cette série, le photographe questionne le sentiment de solitude, des Japonais mais aussi des voyageurs qui visitent l’archipel.