Un hôtel qui a révolutionné les codes balnéaires au Japon

18.09.2018

TexteJunko Kubodera PhotographiesKenichi Fujimoto

L’eau de la rivière Yukawa, qui coule à côté de la propriété, se déverse dans l’étang au centre du terrain. Elle sert aussi à réguler le volume de l’étang pour la centrale hydroélectrique située en aval.

Le centre Hoshino de Karuizawa, où se trouve Hoshinoya, est situé en pleine nature, et traversé par la rivière Yukawa, un affluent de la rivière Chikumagawa, au cœur d’une forêt luxuriante peuplée d’oiseaux sauvages. Depuis la nuit des temps, la région des sources thermales chaudes d’Hoshino est bien utile pour pouvoir se laver après une baignade dans les sources chaudes de Kusatsu (préfecture de Gunma). Actuellement ouverte au grand public sous le nom de Bain du Tombo (« libellule »), son histoire remonte aux environs de 1910. Kasuke Hoshino I, qui était à la tête d’un élevage de vers à soie dans la ville de Saku, dans la partie est de la préfecture de Nagano, également propriétaire d’une usine à bois dans la région de Karuizawa (alors appelée Kutsukake), décida finalement de se lancer dans l’exploitation des sources d’eau chaude. Après des années de recherche, Kasuke finit par trouver une source thermale en 1914. C’est alors qu’il engagea un entrepreneur spécialisé dans les temples et les sanctuaires pour construire des thermes et il fonda son entreprise de sources chaudes. Eloigné du village, l’auberge était initialement dépourvue d’électricité. C’est ainsi que son fils, Kasuke Hoshino II, eut l’idée de se servir d’un moulin à eau en bois, autrefois utilisé pour les besoins de l’entreprise de la scierie familiale, pour en faire une centrale électrique pour le site balnéaire. Après avoir importé d’Allemagne un générateur et mené des recherches à son sujet, il découvrit comment produire de l’électricité à partir d’une simple roue hydraulique. Ceci devint le point de départ de Hoshinoya Karuizawa, qui se définit comme une « station écologique sans consommation de combustible fossile ». L’étang situé au milieu des habitations, et dans lequel l’eau coule à flots, servait auparavant de réservoir pour la production hydroélectrique.

Le Bassin des Tombo (« Libellules ») peut également servir aux usagers, et offrir toute l’année aux baigneurs un vaste cadre de vie entouré d'une nature à ciel ouvert . Les patients revenant de cures des sources thermales de Kusatsu (préfécture de Gumma) l’avaient autrefois baptisé « Sources Minérales d’Akaiwa ».

La centrale hydroélectrique construite par Kasuke Hoshino II. Le générateur, toujours fonctionnel, est situé dans un bâtiment qui fait penser à un refuge de montagne. On note que les surplus provenant des sources d’eau chaude ainsi que de la chaleur géothermique sont récupérés, permettant un taux d’autonomie énergétique de 73%.

A ses débuts, il s’agissait d'une station thermale dans la vallée, servant de lieu de rencontre pour des passionnés de culture.

Autour des années 1910, pendant l’été, les sources chaudes de Hoshino furent un épicentre d’une importante activité culturelle. A l’origine, les Conférences et Formations aux Arts pour Auditeurs Libres étaient assurées dans une cabane en bois par des personnalités comme le peintre Kanae Yamamoto (1882-1946), à peine rentré de France, ou le poète Hakushu Kitahara, mais aussi le romancier Miekichi Suzuki ou encore le pacifiste Kanzo Uchimura. Ces cours finirent par influencer de manière significative les cercles éducatifs nippons. Des célébrités du monde littéraire comme le couple formé par Akiko et Tekkan Yosano étaient souvent de passage, comme en attestent encore aujourd’hui leurs mots gravés sur les murs en pierre du site.

Ce fut le théâtre de bien d’autres évènements. Kasuke Hoshino III était un disciple de Godo Nakanishi (1895-1984), qui avait fondé la Société des oiseaux sauvages du Japon en 1934. Amoureux d’espaces verts, d’insectes et d’oiseaux, il consacra sa vie à la préservation de la nature et mena de nombreuses actions dans ce sens. Cet état d’esprit perdure à travers Picchio, une association locale qui propose des circuits écologiques et des excursions dans la nature, avec possibilité d’observer les oiseaux et les animaux.

Au cours de ces dernières années, les stations balnéaires au Japon ont entièrement réformé leur philosophie. Même si Hoshinoya a pu faire figure de pionnier dans ce domaine, tout a commencé à Karuizawa. Des principes furent établis par le fondateur du lieu un siècle plus tôt. Ainsi, la construction d’un environnement durable, la protection de la nature et le développement d’un espace silencieux dédié à la contemplation ont été préservés par ses descendants et sont toujours pérennes aujourd’hui.

Les chambres ont toutes été conçues de façon à bénéficier de la vue sur le paysage. Les biens nommés « lantern roofs », sortes d’évacuations par le plafond, permettent à l’air de circuler et rendent l’été plus agréable.

Dans le bâtiment dédié aux réunions, se trouvent la réception, le salon-bibliothèque et la principale salle de restauration. Le jardin, visible à travers les fenêtres, a été dessiné à la manière des champs de riz en terrasse.

Les Bains de Méditation sont réservés aux clients de l’hôtel. Tout au fond, on trouve un bassin réservé à la méditation loin de toute source de lumière. Un dispositif complexe, capable de réguler l’approvisionnement en eau chaude provenant des sources, a été développé pour différencier la température de l’eau de celle du Bassin Tombo.

Hoshinoya Karuizawa

Addresse: Hoshino, Karuizawa-cho, Kitasaku-gun, Nagano

Tel: +81 (0)570 073 066 (pour toute réservation)

77 chambres au total

Tarifs : Chambre Yamaroji à partir de 63 000 JPY; Chambre Niwaroji à partir de 72 000 JPY; Chambre Mizunami à partir de 81 000 JPY.

Ce tarif inclut les taxes et frais de services. Tarif par chambre (pour l’usage d’une à cinq personnes). En général, un minimum de réservation pour deux nuits est requis.

Accès: Environ 15 minutes en taxi depuis la gare JR de Karuizawa. Navette gratuite accessible par la sortie sud de la gare.

https://hoshinoya.com/karuizawa

Informations mises à jour en mai 2018.