Les pin-up puissantes de Harumi Yamaguchi

Avec “Harumi Gals”, l’artiste entend symboliser le mouvement de libération des femmes dans le Japon des années 1970.

25.02.2021

TexteClémence Leleu

© Harumi Yamaguchi

Des corps nus, aux formes voluptueuses, tantôt perchés sur des talons aiguilles, tantôt en train de se délasser dans une piscine ou sur le point de démarrer un combat de boxe, le tout sous un déluge de couleur pop’, les femmes qui prennent forme sur les toiles de l’artiste Harumi Yamaguchi détonnent. Leur plastique parfaite, flirtant avec l’érotisme, fut le moyen pour l’artiste d’accompagner le mouvement de libération des femmes dans les années 1970.

Harumi Yamaguchi est née en 1941 dans la préfecture de Shimane. A la suite d’études à l’université des arts de Tokyo, l’artiste rejoint en tant qu’illustratrice le département publicité de la chaîne de grands magasins Seibu. Après y avoir fait ses classes, elle se lance en indépendante et imagine pour les magasins PARCO ces femmes aux physiques affolants. Ainsi naîtront plus d’une centaine de dessins entre 1969 et 1986, tous compilés dans l’ouvrage Harumi Gals

 

Des corps idéalisés

Inspirée par les photographes allemands Helmut Newton et Ellen von Unwerth, réputés notamment pour leurs clichés de nus, elle préfère à l’appareil photo un médium plus confidentiel : l’aérographe, qu’elle est, à la fin des années 1960, une des seules à utiliser dans l’archipel pour une production artistique réaliste. « Tout en semblant adhérer au scénario de l’érotisme masculin, Yamaguchi déconstruit le désir masculin à travers ses représentations exagérées. En conséquence, le corps féminin est idéalisé dans un royaume inaccessible aux mains des hommes », constate Chizuko Ueno, sociologue et féministe japonaise, dans un essai qui accompagne l’exposition des affiches PARCO au Tokyo Metropolitan Museum of Photography en 2001. « Les femmes sont complètement paralysantes dans leur disponibilité, leur sexualité est mûre, affichée avec confiance mais protégée par un placage à l’aérographe. »

L’artiste continue de faire vivre ses Harumi Gals. Elle a notamment signé une collection en collaboration avec le 2G studio, où ses femmes puissantes et modernes s’exposent fièrement sur des chemises et autres manteaux, de quoi poursuivre sa quête d’émancipation des femmes, avec les plus jeunes générations. 

 

Harumi Gals (2016), par Harumi Yamaguchi, publié aux éditions Hioshina.

© Harumi Yamaguchi

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