Les hommes de bois de Nagato Iwasaki
Dans sa série “Torso”, l'artiste sculpte des statues d’hommes et femmes à partir de bois flotté, qu’il place ensuite dans la nature.
© Nagato Iwasaki
Des corps ligneux, noueux, parfois musculeux. Raides ou ronds. Tantôt droits debout, tantôt accroupis. D’hommes et de femmes. Des corps intégraux, dont les morceaux de bois qui les composent donnent l’impression d’avoir été agencés pour faire apparaître la colonne vertébrale, les intestins ou les muscles, à la faveur d’une image d’anatomie. Mais aussi des corps inachevés, s’arrêtant à la poitrine, qui semblent s’ouvrir vers le ciel.
Torso, la série de l’artiste Nagato Iwasaki débutée en 1995, questionne l’humain et son corps, peut-être même son rapport à la nature et aux éléments, puisque l’artiste place ses oeuvres, une fois celles-ci achevées, en pleine nature japonaise : dans la forêt, dans des marais, aux abords de rivières. Même s’il fait bien quelques incursions en ville, dans des friches industrielles ou dans le cadre plus institutionnel de musées où il expose régulièrement ses Torso, construits intégralement à partir de morceaux de bois flottés.
Un artiste mystérieux
Voilà à peu près tout ce que l’on sait de Nagato Iwasaki et de son travail. L’homme dessine, peint, s’essaie à l’art digital. Sa première exposition date de 1983 et il expose depuis au Japon, notamment à Tokyo, mais aussi en Allemagne. Il a collaboré, lors de la Biennale de Florence en 1996 avec le couturier Yohji Yamamoto. Et son œuvre a été récompensée à deux reprises : Nagato Iwasaki reçoit en 1994 le Yamanashi Prefectural Museum Awards Grand Prize, et le Special July Prize Kirin Plaza Osaka. Ensuite, le mystère s’épaissit.
Aucune indication sur sa date de naissance, son parcours scolaire ou universitaire, aucun détail sur ses œuvres ne figurent sur son site internet. Pas même une photo. Sa page Facebook révèle quelques indices supplémentaires : il travaille dans un atelier où les pièces attendent d’épouser la forme d’un bras ou d’une jambe, soigneusement rangées sur des étagères. On le voit, sur une photo qui date de 2012, ramasser sur la plage, grand sac sur l’épaule et chapeau sur la tête, une multitude de morceaux de bois, polis et adoucis par la houle, le sel, l’eau et le soleil. Une photo noir et blanc de 2015 révèle son visage, ses cheveux mi-longs, vêtu d’une chemise ample et en train de fabriquer une des ses statues. Et puis, plus rien. Si ce ne sont ses œuvres, nombreuses. Sans légende, ni explication.
Nagato Iwasaki, en se faisant discret sur sa personne et en ne donnant aucun contexte, aucune indication sur ses œuvres, permet à chacun de s’imaginer ce que bon lui semble et laisser vagabonder son imagination en observant ses sculptures de land art rendues à la nature comme une offrande. Un dernier indice toutefois : ses Torso ont été photographiés pour figurer sur la couverture de l’album de compilation du groupe de rock alternatif tokyoïte The Back Horn.
Torso (1983-2019), une série de sculptures par Nagato Iwasaki à retrouver sur son site internet.
© Nagato Iwasaki
© Nagato Iwasaki
© Nagato Iwasaki
© Nagato Iwasaki
© Nagato Iwasaki
© Nagato Iwasaki
© Nagato Iwasaki
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